
Longtemps je me suis levé de bonne heure…à la recherche des sentiers perdus.
Et je le fais encore, toujours passionné par le mystère d’une sente à peine visible, cherchant elle-même sa voie entre noisetiers et ronces proliférantes. C’est qu’il n’y a pas que le balisage jaune dans une vie de randonneur en herbe (même si on est content de le trouver, merci la FFRP) ! Nos moyennes montagnes sont en effet riches de cheminements oubliés qui ne demandent qu’à être redécouverts. Souvent ils apparaissent sur les cartes IGN en pointillé ou en trait noir continu. Ces itinéraires sont le fruit de logiques séculaires permettant autrefois aux bergers et troupeaux de rejoindre l’altitude en ménageant l’effort. Hélas, sur le terrain, la reconnaissance de ces pistes anciennes nous laisse parfois bredouilles. La végétation a trop gagné, un obstacle imprévu a fermé l’entrée du paradis, ou encore l’humble sentier est devenu une route de boue ouverte à la surexploitation forestière. Mais quel bonheur de débusquer enfin un antique tracé, toujours accessible, par lequel un paysage connu peut se dévoiler d’une autre façon !

Bien entendu cette recherche en quelque sorte archéologique est exigeante, le premier devoir du marcheur étant celui de sa propre sécurité. Hors des chemins battus, il faut prendre la précaution élémentaire de prévenir un tiers de sa tentative. Ensuite ne jamais craindre de renoncer dès que s’accroit une difficulté : ainsi le piémont d’apparence débonnaire est riche de pentes abruptes comme de barres bien cachées sous la frondaison. Une règle d’or : toujours s’assurer que l’on pourra facilement retourner sur ses pas. Une autre règle, mais qui devrait s’appliquer pour n’importe quelle randonnée : savoir se couler dans la nature sans la troubler. Ainsi, toute reconnaissance d’un itinéraire perdu ne peut se faire qu’en petit nombre et hors des périodes où certains animaux ont besoin de calme…
Jean-Christian